Terre pure

la Terre Pure

 


L'essence du Bouddhisme de la Terre Pure est la dévotion à un Bodhisatva. C'est un courant dévotionnel, basé sur la libération par la foi et l’amour.

 Cette dévotion peut se vivre par un culte, mais elle consiste essentiellement en la répétition d’une invocation, c'est la pratique du nembutsu ou du mantra ou prière du coeur. L'objectif est d’apaiser l’esprit en le tournant vers le sujet de dévotion. Cela peut faire l’objet d’une méditation continuelle.

 Répéter un minimum d'invocations avec CŒUR et une concentration parfaite. Voilà qui purifie l'esprit des facteurs perturbateurs. Grâce à la concentration fixée sur Kwan yin , on obtient l'état mental attendu propice à l’éveil. Lorsque que la pratique est soutenue, l'Illumination devient facilement réalisable dans sa Terre Pure..

 Les maîtres  du Chan et du Zen reconnaissent avec admiration les états spirituels que certaines personnes peuvent atteindre par cette voie.

C'est Shan-Tao (613-681, Chine) qui rendit primordiale l'invocation dans le mouvement de la Terre Pure. Le mouvement de la dévotion s'est ensuite propagé au Japon.

Il existe aussi 4 pratiques secondaires telles le chant de sutra de la Terre Pure, la visualisation de Kwan yin et la résolution de la servir, le développement de la générosité et de la compassion par l'aide aux nécessiteux et le respect de toute personne (la "voie sacrée"), le non-attachement aux fruits de ses actions.

 Il est à noter que l'on retrouve le principe de la compassion commun à chaque pratique bouddhique.

 Ce Bouddhisme de la Terre Pure est traditionnellement pratiqué en Chine, en Corée, au Vietnam et au Japon.

Il se développe actuellement aux Etats-Unis et en France.

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"J’ai toujours été intrigué par ces chefs-d’œuvre chinois d’ivoire sculpté qui consistent en un grand nombre de boules merveilleusement ouvrées qui tournent les unes à l’intérieur des autres. Les boules extérieures, avec leur décor compliqué, ne permettent guère de voir les boules intérieures même si l’on regarde longuement et attentivement, il n’est pas aisé d’apercevoir la boule qui est au centre ni même de distinguer nettement les boules intermédiaires l’une de l’autre. Telle était ma perception de Kuan Yin ; certains de ses aspects plus ou moins matériels me semblaient inextricablement entrelacés. C’était particulièrement vrai des niveaux de compréhension où elle substitue peu à peu à ses attributs de déesse ceux d’un Bodhisattva. La forme qu’elle revêt pour ceux qui brûlent de l’encens en son honneur dans les chapelles du bord des routes, dans les grottes de montagne ou dans les temples des pêcheurs et des bateliers n’est pas très différente de celle sous laquelle elle apparaît aux membres lettrés des communautés bouddhistes chinoises ou japonaises. Certes, ils la connaissent sous son titre propre de Bodhisattva, mais certains d’entre eux auraient bien du mal à expliquer ce qui distingue les dieux des Bodhisattvas. Les sûtras mahayanistes ne révèlent pas facilement leur sens caché. Ces sûtras risquent de repousser et non pas d’attirer la plupart des Occidentaux en quête de la Voie qui les trouvent parfois trop pleins de « merveilleux » pour être pris au sérieux.

Si nous voulions que la démarche que nous avons choisie pour pénétrer la signification véritable de Kuan Yin soit tout à fait complète, il nous faudrait exposer l’enseignement et les pratiques de la Terre Pure . Seulement ce n’est pas tout à fait ainsi que je les ai découverts. Comme bon nombre d’autres bouddhistes occidentaux, je commençai par me tenir à l’écart des rites de la Terre Pure tels que je les voyais tout autour de moi dans le sud de la Chine. Bien que les manifestations en soient toujours belles, je ne croyais pas qu’elles eussent grand rapport avec la réalité.

Brièvement exposée, sous sa forme littérale, la doctrine dit que le Bouddha, prévoyant l’avènement d’une ère de décadence (au milieu de laquelle nous nous trouvons actuellement) et reconnaissant combien il serait difficile aux êtres naissant dans cette ère-là de rechercher l’Illumination par les voies qu’il avait envisagées jusqu’alors, avait, dans sa compassion, proposé une voie beaucoup plus facile. Il prononça quelques sûtras (discours) concernant les Bouddhas célestes tels qu’Amitâbha et les Bodhisattvas tels que Kuan Yin dont chacun avait mentalement créé un royaume spirituel (la Terre Pure) où tous les êtres qui y aspirent sincèrement peuvent être assurés de renaître dans des conditions idéales pour progresser vers l’Illumination. Ces êtres-là bénéficiant alors des immenses mérites du créateur de cette Terre Pure qu’ils ont choisie et quelles que soient leurs fautes passées, peuvent aisément renaître, par exemple dans le Potala de Kuan Yin et échapper ainsi à la lugubre ronde sans fin renouvelée de « naissance, souffrance et mort » qu’est le samsâra. Au surplus, ces Bouddhas et Bodhisattvas célestes étaient représentés comme dotés de pouvoirs miraculeux qui leur permettaient d’écarter instantanément danger et affliction de tous ceux qui ont recours à eux avec une sincérité absolue ; ainsi, un homme qui, agenouillé, verrait le glaive du bourreau levé prêt à s’abattre pourrait, d’un seul cri fervent adressé au Bodhisattva Kuan Yin, faire se briser au sol la lame du bourreau.

Eh bien, cet enseignement, bien qu’il s’exprime dans de très beaux textes, me semble trop beau pour être vrai, trop parfumé à l’eau de rose de conceptions primitives du ciel et de contes de fées de grand-mère comme Cendrillon. Mes amis chinois toutefois me conseillèrent de ne pas rejeter d’emblée cet enseignement et d’en rechercher plutôt le sens profond. C’est à Ta Hai, mon ami médecin, que j’exposai certains doutes que m’inspirait la doctrine de la Terre Pure, malgré le sentiment d’affinité toute spéciale que j’éprouvais pour Kuan Yin.

« Frère aîné, depuis que j’ai eu cette expérience curieuse, j’ai beaucoup pensé à Kuan Yin », lui dis-je un jour en lui tendant ouvert un exemplaire du Sûtra du Cœur du Dhâranî de la Grande Compassion et je lui montrai la phrase : « Si un être qui a récité le saint Dhâranî de la Grande Compassion et qui y est fidèle ne renaissait pas dans mon royaume de Bouddha, je fais vœu de ne pas entrer dans l’Illumination suprême. »

« Comme vous savez », continuai-je, « nombreux sont les passages des sûtras qui affirment que celui qui recourt à Elle avec une sincérité profonde et qui récite son mantra renaîtra certainement dans son Potala sacré où il apprendra à réaliser l’Illumination. Cela ne vous semble-t-il pas trop facile pour être vrai ? Dans d’autres passages, les sûtras soulignent à maintes reprises que la graine d’Illumination latente en tout être doit être développée par l’effort personnel et qu’aucun maître, humain ou divin, ne peut le faire à notre place. Certes ces descriptions de Terres pures pleines d’arbres couverts de joyaux, de pièces d’eau remplies de lotus parsemés de pierres précieuses et d’oiseaux gazouillant la doctrine sacrée peuvent être entendues métaphysiquement, et mis à part le fait que de telles descriptions sont étranges dans la bouche de gens qui ont comme nous foi dans la doctrine de l’Esprit Unique, il y a encore une autre difficulté. Comment conciliez-vous la nécessité du pouvoir personnel (tzû-li) avec la confiance dans le pouvoir d’autrui (t’a-li) ? Tout cela semble tellement illogique ! »

Ta Hai eut un rire joyeux. « Je crois bien, que vous n’apprendrez jamais à penser comme un Chinois. Pourquoi vous tracasser de logique, pas logique ? Vérité a beaucoup de visages. Comme vous voyez les choses, comme ça elles sont. Comme vous attendez les choses, comme ça elles arrivent. Pourquoi ? Parce que votre mental les fait ainsi. Vous rêvez longtemps d’un Paradis orné de joyaux, vous y renaîtrez certainement. Vous pensez que Sagesse vous aide à atteindre monde sans forme, sûrement vous renaîtrez là. Vous avez appris à réciter le Sûtra du Cœur n’est-ce pas ? Alors vous savez très bien que “ la forme est vide et que le vide est forme ”. . Alors pourquoi vous tracasser pour les absurdités ? Moi-même et mes amis vous disons, disons et disons que les apparences toutes sont dans mental. Pourquoi pas comprendre ? En dehors du mental il n’y a rien ! »

« Écoutez, professeur de Terre Pure dit de fixer mental sur nom sacré ou répéter mantra sacré beaucoup beaucoup de fois, et alors votre mental devenir calme. Non ? Toutes obscurités disparaissent. Cela très bon, non ? Nous tous, bouddhistes, visons but plus haut que ceux que les hommes peuvent voir ou imaginer. Vous voulez étudier le Dharma du Bouddha, faut étudier votre mental. Votre esprit seul est réel. Des gens recherchent l’Illumination dans mental. D’autres recherchent le Bodhisattva. Voyez-vous une différence ? Pas possible. Pourquoi ? Parce que tout l’univers réside dans votre crâne. Nulle part ailleurs. Le Bouddha Amitâbha dans votre crâne, le Bodhisattva Kuan Yin dans votre crâne. Adeptes du Ch’an (Zen) cherchent l’Illumination en partant du mental. Adeptes de la Terre Pure la cherchent dans la Terre Pure. Quelle différence ? Deux pensées, une source.

« Vous cherchez dans votre mental la compassion naissante, vous la trouverez bientôt ; vous cherchez un être à l’éclatante compassion comme Kuan Yin, vous le trouverez bientôt. Vous devez faire bon accueil aux mille façons d’enseigner du Bouddha compatissant qui s’adressent à des milliers d’individus différents. »

Je crois que Ta Hai m’a enseigné plus de choses que qui que ce soit.. (John BLOFELD)