Histoire

Kwan Yin est une divinité  où se rejoignent deux grands symboles : celui de la Mère Divine (en Chine, au Japon, au Vietnam principalement) et celui du Bodhisattva de la Compassion, que l'on trouve au Tibet sous la forme de Chenrezig et de Tara et aussi dans le Bouddhisme chinois.

Son nom signifie : " celle qui entend les souffrance du monde "et son action est d'apporter la paix.

 

Cette divinité féminine est un avatar du bodhisattva (être spirituel promis à l'éveil) masculin de la compassion Avalokiteçvara. Cette manifestation du Bouddha suprême (Amitabha) est la plus vénérée dans la tradition bouddhique du Grand Véhicule.

La mythologie populaire chinoise considère la déesse salvatrice Guanyin, la Miséricordieuse, comme une incarnation d'Amitabha. Elle est toute compassion.

 

 Kwan Yin est la déesse de la paix et de la compassion. Parfois dans des expressions très maternelle, parfois un peu androgine, on la représente aussi avec une attitude un peu désinvolte qui nous rappelle qu’il est bon de ne pas trop s’attacher aux évènement qui passent et que rien ici bas n’est permanent.

 

Kwan yin selon la tradition inspirée de la mythologie chinoise est un Être Illuminée qui a atteint la sagesse la plus élevée et la compassion ultime.. Kwan Yin atteignit «La grande compréhension spirituelle» et en fût récompensée par l’immortalité que lui conféra l’état de bouddha.

Elle est une des rares divinités à faire partie en toute quiétude de plusieurs religions différentes : on trouve son image, toujours variée, toujours elle-même, tant dans les temples bouddhistes que dans des lieux taoïstes. Son regard paisible veille sur les ancêtres de l'autel confucianiste en Chine.

 

Kuan Yin, en tant qu’Être Illuminé ou Bodhisattva, a formulé le vœu de demeurer près des humains et de ne pas s’élever dans le plan divin jusqu’à temps que tous les êtres se soient libérés du cycle de mort/renaissance. La déesse de la clémence est unique parmi la hiérarchie céleste car elle est totalement libérée de l’orgueil et de la vengence. On dit que même l’être qui a posé le pire des gestes peut être entendu par Elle.

 

Kuan Yin est aussi une déesse de guérison. Elle est d’ailleurs parfois représentée versant les eaux guérisseuses, les eaux qui apportent la paix spirituelle et physique à tous les êtes vivants. Elle est parfois accompagnée du dragon, symbole antique de la spiritualité, la sagesse, la force et des pouvoirs divins de la transformation.

 

La déesse Kuan Yin est une des déités les plus aimées dans la tradition bouddhiste. Elle est aussi connue sous le nom de Quan’Am (Vietnam), Kannon (Japon) et Kanin (Bali). Elle est l’incarnation même de l’amour et de la compassion. Kuan Yin est le symbole, l’archétype, l’énergie de la mère divine.

 

Elle est fêtée autour du 19 Février, c'est l'anniversaire de Kwan-yin. Le 19 Juin, c'est quand Kwan-yin est devenu un bodhisattva, le 19 Septembre a été quand elle est devenue une moine.

 

 Cette divinité est mentionnée pour la première fois dans le Sutra du Lotus, un texte populaire du Bouddhisme Mahayana. Le titre sanscrit est Saddharmapundarīka-sūtram.            

 

 

 

Guan Yin est aussi trés liée au végétarisme, il n'est pas rare que les temples dédiés à cette déesse offrent des repas végétariens aux fidèles

 

 

 

 

 

 

 

Le bodhisattva apparaît dans le Sūtra du coeur ainsi que dans le vingt-cinquième chapitre Sūtra du Lotus de la Bonne Loi. Ces deux soutras probablement rédigés au nord-ouest de l'Inde étant parmi les écrits les plus connus du Mahāyāna, sont à ce titre récités quotidiennement dans la plupart des écoles bouddhistes du grand véhicule. Les vingt-deux premiers chapitres dateraient du Ier siècle et les six derniers du IIe siècle de notre ère. Dans le monde chinois, la traduction qui a fait autorité est celle du moine  Kumārajīva (344-413). Le Bouddha expose qu'une grande figure se dresse pour aider toute personne en difficulté. Il entend toute personne qui prononce son nom. Il est donc « Celui qui considère les appels ». En chinois, guān signifie « qui considère, qui tourne son regard vers » et yīn est le son ou plutôt l'incantation. Avalokiteshvara peut prendre trente-trois formes: celles d'un bouddha, d'un bodhisattva, d'un brahmane, d'un Roi ou d'une femme.

 

 

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Dunhuang est située en Chine centrale , très près de la jonction des routes nord et sud qui mènent de la Chine à l’Inde via l’Asie centrale en contournant ce désert. À Dunhuang se côtoyèrent des milliers de croyants bouddhistes venant de l’ouest et de l’est, Chine et Corée notamment, et également des croyants d’autres religions.

Dunhuang conserve l’un des plus importants trésors culturels d’Asie, accumulé de la fin du ivsiècle au xie siècle ou même plus tard. La découverte à l’aube du siècle dernier du contenu de la cache dite de la grotte 17 (une petite pièce creusée sur la paroi nord de la grotte 16) rendit Dunhuang célèbre dans le monde entier, y compris en Chine. Cette cache contenait plus de 50 000 manuscrits en diverses langues, chinois et tibétain surtout, auxquelles s’ajoutent quelques langues d’Asie centrale, et quelques centaines de peintures mobiles, le tout entassé et enfermé dans la grotte annexe depuis le début du xie siècle. Outre ses manuscrits et peintures mobiles, Dunhuang est également remarquable par l’existence de plus de 600 grottes creusées dans la falaise, disposées du nord au sud sur 1 700 mètres. 492 grottes, toutes situées dans la partie sud, sont décorées de peintures illustrant des thèmes bouddhiques dont la réalisation s’est échelonnée de la deuxième moitié du ive siècle au xive siècle.

Chacune de ces grottes est un espace rituel sacré et un monde clos, pas seulement par la disposition de l’espace, mais aussi par les peintures et statues de buddha, bodhisattva et autres divinités mineures et par les rites qui leur étaient consacrés. Parmi les manuscrits retrouvés, nombreux furent rédigés pour des usages cérémoniels. Il y a par exemple beaucoup de manuels de rites et des collections de formules (mantra et dhāraṇī). Certains ont été composés lors de cérémonies: ce sont des textes votifs, parfois utilisés par la suite comme modèles pour d’autres cérémonies. Ces manuscrits nous renseignent sur les activités religieuses.

Les manuscrits et inscriptions et quelques textes historiques sont les données de base pour étudier les grottes et peintures. Ces données sont cependant relativement peu nombreuses si on les rapporte au nombre impressionnant de peintures illustrant les 492 grottes.Sont représentés les récits des vies du Buddha, les milles buddha, quelques bodhisattva et certains sūtra mahāyaniques.


 

Le panneau Zunsheng bian des grottes 217 et 103 illustre, en plus du sūtra, la venue de Buddhapālita en Chine, sa rencontre avec Mañjuśrī à Wutaishan. Cette préface fut vraisemblablement rédigée à Luoyang après 689. En moins d’une vingtaine d’années, donc, l’histoire de Buddhapālita fut connue jusque dans les territoires les plus à l’ouest de l’empire Tang et représentée en peinture. La reproduction du sūtra précédé par sa préface était une pratique courante, surtout sur les colonnes octogonales dite à sūtra ou à dhāraṇī. Ces colonnes portent souvent, outre le Foding zunsheng tuoluoni jing, un deuxième sūtra, beaucoup plus court, tel le Sūtra du cœur.

Si la grotte 217 date bien des premières années du viiie siècle, il est curieux que la légende de Buddhapālita ait été si tôt connue à Dunhuang, plus tôt que dans des endroits plus proches de Luoyang. Rappelons que la préface a été rédigée pour favoriser la version du sūtra liée à Buddhapālita. La préface a probablement surtout pour but de montrer que la Chine est le lieu choisi par le grand bodhisattva Avalokiteshvara pour y résider. Même un moine indien, Buddhapālita, y est venu le vénérer.

Le laïc Yin Zu et le maître de dhyāna Lingyin firent édifier en 695 une grande statue dite du nord qui serait selon les chercheurs de l’Institut de Dunhuang, celle que l’on voit aujourd’hui encore dans la grotte 96. Selon M. He Shizhe, cette statue représentait le bodhisattva Kwan yin en tant que Bouddha du futur, Maitreya. Elle aurait fait partie d’un des monastères Dayun que l’impératrice Wu avait ordonné d’établir en tous lieux de son empire, à la suite de l’achèvement en 690 du Commentaire du Dayun jing / Mahāmegha sūtra contenant la prophétie qu’une femme gouvernerait l’univers entier . Cette femme serait l’incarnation de Maitreya. Le lien entre la statue et un monastère Dayun est hypothétique, de même que l’identification de la statue. Mais il est très tentant de penser que Yin Zu a contribué à édifier une statue de Kwan yin déjà vénéré comme  bodhisattva .

 

 Histoires et légendes de Kwan Yin

 

 

Au Vietnam, Kouan-Yin fut appelée Quan Am Nam Hai (Kouan-Yin de la mer du Sud). Dans la littérature vietnamienne, deux romans Quan Am Thi Kinh et Quan Nam Hai, écrits vers la fin du XVIème siècle, reprennent le principe de Kouan-Yin, emanation féminine de Avalokitesvara (Tchenrezi pour les Tibétains) que l’on a intégré à des histoires populaires. Le message présente Kouan-Yin sous les traits d’une jeune femme qui, dans sa vie antérieure, était un jeune homme. Le livre bouddhique vietnamien Pho Mon Kinh Phap Hoa, explique que le bodhisattva, dans ses voyages en Inde, en Chine et au Vietnam, se métamorphosait en femme ou en homme. Son entourage, des bouddhistes en train de réciter le livre bouddhique Phap Hoa, ne fit aucune attention à sa présence, rappelant par là l’aspect humain, humble et discret du bodhisattva. Les moines qui ont rédigé les textes du Phap Hoa insistent sur cette particularité : " Pour venir en aide à autrui, Kouan-Yin est prêt à se métamorphoser en n’importe qui : le roi, le premier ministre, l’enfant, la femme... ". Ainsi, au Vietnam, comme dans certains autres pays d’Asie, là où apparaît un être doté d’un coeur généreux, est-on prêt à le considérer comme l’incarnation de Kouan Yin. Cela a donné naissance dans la littérature bouddhique vietnamienne à de singulières légendes où les histoires font toujours triompher la victoire du bien sur le mal, la justice sur l’injustice, l’amour et la compassion sur la haine et la violence.

 

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En Chine, dans une "légende", il est raconté que Kwan yin fut la fille du roi Wang. Elle entra à 19 ans au monastère de l'oiseau blanc, contre l'avis violent de son père, qui par représailles lui fit subir les pires vexations.

 Il fut bientôt châtié pour sa méchanceté. Son corps se couvrit d'horribles ulcères que les médecins ne parvenaient pas à soigner. Alors, déguisée en bonzesse, la princesse lui rendit visite.

"Seul pourra te guérir le breuvage fait avec la main et l'œil d'une personne qui te les offrira de plein gré."

"Tu te moques de moi ? Qui ferait un tel sacrifice ? " lui répondit son père.

"Tu trouveras une donneuse sur la montagne de Hiung Chan" dit la princesse.

Le lendemain, le roi envoya deux ministres au lieu dit. Ils y trouvèrent la princesse qui avait préparé une hache et un couteau. Ils coupèrent son bras droit et détachèrent son œil droit.

Le roi but le breuvage et fut guéri … mais seulement du côté droit !

Les ministres retournèrent donc sur la montagne et la princesse leur offrit son bras et son œil gauches, qu'ils rapportèrent au palais.

Mais la reine reconnut, sur le membre sanglant, une tache de naissance et comprit l'acte héroïque de piété filiale accompli par sa fille.

Alors la Cour se rendit en procession auprès de la princesse que l'on trouva toute ensanglantée. Le roi, en larmes, lui demanda doucement :

"Comment te guérir ? Comment réparer mon mal ? "

"Simplement en priant Bouddha de tout ton cœur" lui dit-elle.

Aussitôt, il se jeta à ses genoux puis se prosterna le front au sol. Lorsqu'il se releva, la princesse avait retrouvé l'intégrité de son corps.

C'est alors qu'elle fut transportée à travers les airs jusqu'à l'île de Putuo où elle vécut encore neuf ans, guérissant les malades et secourant les marins en perdition.

Puis, elle monta au ciel et devint un "Bouddha" sous le nom de Kwan Yin, "Kwan" signifiant "voir les moindres souffrances de l'humanité" et "Yin", "entendre les gémissement des malheureux.

On la présente avec mille bras, tenant un œil dans chaque main pour exprimer sa miséricorde et sa compassion infinies. On la voit également tenant une fiole emplie d'une divine médication, attachée à sa longue robe blanche qui flotte dans les airs.

Certaines autres représentations la montrent tenant tendrement un bébé dans les bras, mais aussi la main droite tendue vers l'avant en guise de protection.

Elle symbolise la compassion et soulage les malheurs de personnes qui suivent la voie du Bouddha et qui sont d'une grande piété.

 

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L'histoire la plus répandue est celle de la princesse Miaoshan.

Il y avait autrefois, dans le pays de Xinglin situé entre l’Inde et le Siam, un roi nommé Miaozhuang, qui, ayant atteint la cinquantaine sans avoir d’enfants, fit au Dieu Huashan de grands sacrifices qui durèrent huit jours et à la suite desquels la reine eut successivement trois filles qui furent appelées Miaocheng, Miaoyin et Miaoshan. Quand elles furent grandes, le roi décida de les marier et de se choisir ensuite un successeur parmi ses gendres. L’aînée épousa un lettré, la seconde un géné­ral ; mais la troisième, Miaoshan, refusa de se marier, et demanda à entrer au couvent et à mener la vie religieuse.

Le roi commença par refuser, puis finit par l’autoriser à aller au Monastère du Passereau‑Blanc, mais, pour la dégoûter de la vie monastique, ordonna qu’elle serait chargée de faire la cuisine et la lessive pour tout le couvent, qui comptait cinq cents religieuses.

La Mère de la Grande Ourse, Doumu, prise de pitié, ordonna au dragon de lui creuser un puits et de lui fournir de l’eau, au tigre de lui apporter du bois pour son feu, et aux oiseaux de lui cueillir des légumes, au Dieu du Foyer de cuire les aliments, au Dieu du Qielan de balayer la cuisine, si bien que son travail se trouva fait de lui-même. Ainsi il lui restait du temps pour s'occuper des personnes malades. Quand le roi apprit le prodige, il ordonna de brûler le monastère avec toutes les religieuses : le feu y fut mis, mais Miaoshan l’éteignit par un nouveau miracle, et son père, furieux, commanda de l’amener à la Cour pour être décapitée. Pendant qu’on faisait les prépa­ratifs du supplice, la reine, désireuse de sauver sa fille, bâtit auprès du chemin un pavillon merveilleux pour la tenter de renoncer à la vie monastique, mais la princesse refusa d’y entrer et fut conduite au lieu d’exécution.

Mais le sabre du bourreau, par un miracle, se rompit en touchant son cou. Il fut alors ordonné qu'elle serait étranglée.

Alors l’Auguste de Jade demanda au Dieu du Lieu de prendre la forme d’un tigre et d’emporter le corps de la princesse sur son dos dans une forêt de pins.

Son âme se dirigea vers le monde infernal, et dès qu’elle fut entrée, elle se mit à réciter les livres saints, et aussitôt toute peine et toute souffrance cessèrent, si bien que le roi des enfers, Yama, se trouvant incapable désormais de remplir les devoirs de sa charge en châtiant les méchants, se décida à la renvoyer : on la reconduisit jusqu’à la forêt de pins, où elle retrouva son corps.

Après quelques nouvelles épreuves, le Bouddha lui apparut, lui fit manger une Pêche d’Immortalité, puis la conduisit à l’île de Putuo (Potalaka), sur la côte du Zhejiang. Là, après neuf ans de méditation, et de soins aux pécheurs de l'ile, elle reçut la visite de Dizang, qui l’intronisa Bodhisattva en la faisant monter sur un trône de lotus en présence de toute la cour celeste. Or, pendant ce temps, l’Auguste de Jade avait châtié le roi Miaozhuang en ordonnant au Dieu des Épidémies de lui envoyer un ulcère incurable. Les médecins déclarèrent que le seul remède devait être fait des mains et des yeux d’une personne vivante. 

Apprenant cela Miaoshan s’arracha les yeux et se fit couper les mains et les fit porter à son père, qui guérit et se convertit aussitôt. Tandis que Miaoshan recouvrait miraculeusement ses mains et ses yeux. Tout s’étant ainsi heureusement achevé, l’Auguste de Jade récompensa Miaoshan en lui décernant le titre de Bodhisattva Très‑Miséricordieux et Très‑Bienveillant .

Désormais Kwan yin soulage la misère du monde et répand son nectar de guérison sur ceux qui souffrent.

 

 

 

 

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Cette histoire de Miao Shan,  princesse chinoise qui vécut aux environ de 700 av. J.-C. et que beaucoup croient avoir été Kuan Yin, a renforcé l'image du bodhisattva féminin.

Au XIIe siècle, des moines bouddhistes s'établirent sur P'u-t'o Shan – la montagne insulaire dans l'archipel de Chusan au large de la côte de Chekiang où l'on dit que Miao Shan a vécu neuf années, guérissant et sauvant les marins du naufrage – et où de nombreuses apparitions eurent lieu. De cette ile la dévotion à Kuan Yin s'étendit à travers le nord de la Chine.

 

 Cette île pittoresque est devenue le chef-lieu de la dévotion à la Salvatrice compatissante; des foules de pèlerins voyageaient à partir des endroits les plus reculés de la Chine et même de la Mandchourie, de la Mongolie et du Tibet pour y assister à de majestueux services. À un temps, il y avait plus de cent temples sur l'île et plus de mille moines. Les traditions entourant l'île de P'u-t'o racontent les nombreuses apparitions et miracles accomplis par Kuan Yin qui, croit-on, se révèle aux fidèles dans une certaine caverne sur l'île.

De nos jours l'ile, après avoir été "oublié" par le régime communiste, est redevenu un très grand centre de pélerinage.